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  Les TIC : accessibilité et tremplin pour l’employabilité des personnes en situation de handicap
Les TIC : accessibilité et tremplin pour l’employabilité des personnes en situation de handicap
Bassirou Ngom

Agent Administratif ADIE
Direction de la Solidarité Numérique CENTRE DES HANDICAPES AU TRAVAIL

L’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), à partir des années 1990, a fondamentalement bouleversé et changé la conception et le rôle de l’informatique dans tous les secteurs de la vie économique, éducative, culturelle et sociale. Cette évolution a notamment permis une rationalisation des méthodes de travail, de conception… et des opportunités inédites ; de nouveau métiers se sont ouverts pour les entreprises, les sociétés, les administrations… et adaptés aux personnes en situation de handicap.

Malheureusement même si ces personnes représentent un taux très élevé (plus de 10 % de la population sénégalaise) toutes catégories confondues, l’accessibilité des TIC devrait être une importante question, afin de favoriser la réduction de la fracture numérique et l’exclusion sociale.

L’avènement de la micro-informatique dans les débuts des années 1980 a révolutionné l’autonomie des personnes en situation de handicap. Les systèmes informatiques ont permis de réaliser des adaptations et raccourcis en fonction de chaque catégorie de handicap. Ces équipements informatiques bien conçus et adaptés à une catégorie de handicap, permettent à une personne vivant avec un handicap de profiter de l’ensemble des services et outils numériques et de mener une vie professionnelle et vie privée.
Grâce aux conceptions techniques adaptées et complétées par la mise en place de l’accessibilité, les personnes vivant avec un handicap pourraient utiliser des logiciels, consulter des sites internet, utiliser les services de communications électroniques d’une manière efficace.

Les TIC permettraient d’embaucher ces personnes, non pas uniquement par obligation, mais parce qu’elles seraient capables d’exercer pleinement leur métier dans les domaines précis et spécifiques adaptés à leur type ou catégorie de handicap tant en entreprise, qu’en service au sein de l’Administration comme : JAWS pour les malvoyants.

Une autre difficulté pour les entreprises désireuses d’embaucher des personnes en situation de handicap est le manque de compétences de ces dernières ; la généralisation de l’usage des technologies de l’information et des communications électroniques dans
les établissements scolaires et universitaires, sous réserve qu’elles soient accessibles, permettrait à terme aux personnes vivant avec un handicap, d’acquérir les compétences et les diplômes dont l’Administration publique et les entreprises ont besoin pour se développer.

Au Sénégal, plusieurs efforts ont été notés, mais le chantier est bien vaste pour mettre en place un pont permettant aux personnes en situation de handicap de cliquer, cliquer encore pour entrer dans un monde numérique. Les pouvoirs publics ont voté et promulgué plusieurs textes législatifs et réglementaires pour prendre en charge les personnes en situation de handicap. L’environnement et les obstacles socio-économiques ont donc été les principales limites à la pleine participation et à l’égalisation des chances des personnes en situation de handicap. Pour une bonne appropriation de ces équipements informatiques par les personnes en situation de handicap, l’environnement technique numérique doit être accessible.Pour que cette accessibilité des TIC soit effective, il est à prévoir :

• des alternatives au clavier et à la souris, qui sont obligatoires pour les déficients visuels et les handicapés moteurs,
• le respect du standard d’interface du système d’exploitation, pour l’interopérabilité avec les aides techniques utilisées par les handicapés, par exemple Microsoft Active Accessibility,
• la présentation des informations à l’écran en respectant les règles « WCAG 2.0 » du World Wide Web Consortium (W3C).

A cet effet, ces aides techniques informatiques ont pu exister grâce aux évolutions techniques développées comme : synthèse vocale, reconnaissance vocale, reconnaissance de caractères, etc... Comme JAWS, NVDA. La session de formation organisée par la Direction de la Solidarité Numérique de l’Agence de l’Informatique de l’État (ADIE) au profit des malvoyants de CAUSE parait être une parfaite illustration.
La politique de lutte pour la réduction de la fracture numérique de l’ADIE a permis à la Direction de la Solidarité Numérique(DSN) d’assurer la formation à l’intention des couches vulnérables et de participer à leur autonomisation et leur accompagnement pour la création de Startups.

 

Au-delà des normes d’accessibilité, il ne faut pas négliger le pouvoir des acteurs publics et des grandes entreprises vis-à-vis de leurs fournisseurs informatiques. Il faut qu’ils intègrent dans leurs méthodes conceptuelles d’acquisition de logiciels, d’équipements électroniques et de services de communications électroniques standards, des critères d’accessibilité permettant un bon épanouissement des personnes handicapées dans leur travail.
L’accessibilité même au sein de l’ADIE doit être revue au-delà de la mise à disposition d’équipements informatiques mais aussi et surtout l’accessibilité des sites web par les internautes malvoyants, mal entendant...

Cette dématérialisation des procédures incarnée présentement par l’ADIE devrait aussi s’inspirer des normes d’accessibilité :
• WAI (Webaccessibility initiative) qui est un groupe de travail international qui travaille en permanence sur la construction et l’évolution d’un référentiel utilisable pour rendre un site internet 100 % accessible à tous les types de handicap.
• Le W3C a sorti le WCAG (Web content accessibility guidelines) 1.0 en mai 1999. Ce référentiel définit 92 règles nécessaires pour obtenir un site accessible par l’ensemble des personnes handicapées. Il explique aussi comment les intégrer et donne des exemples d’implémentation très détaillés.

L’installation de salles multimédias spécifiques dédiées exclusivement aux malentendants, aux malvoyants … sera sans doute le point de départ d’une véritable action concrète de lutte contre l’exclusion sociale, de lutte contre la fracture numérique et du désoeuvrement des handicapés et de mise en oeuvre d’une justice équitable brisant toutes les inégalités sociales. Elle participe surtout à la normalisation des stratégies et politiques de l’accessibilité des personnes en situation de handicap aux TIC et renforcera du coup l’implication de l’ADIE dans l’accompagnement de ces plans et programmes au Sénégal pour une meilleure participation de tous aux TIC indispensables pour les atteintes des Objectifs de Développement durable (ODD).

10 déc 2019

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